Alerte humanitaire : crise nutritionnelle alarmante en territoire de Lubero

Lubero, mars 2025 – Une catastrophe nutritionnelle frappe de plein fouet les enfants, les femmes enceintes et les femmes allaitantes en territoire de Lubero, dans le diocèse de Butembo-Beni. Face à l’intensification des conflits armés impliquant les groupes rebelles du M23 et des ADF, des milliers de familles sont contraintes à l’exode, abandonnant leurs terres agricoles et leurs moyens de subsistance. La situation est critique : la malnutrition aiguë sévère se propage à une vitesse alarmante, menaçant une génération entière d’enfants vulnérables.

Une population à genoux face à la faim et la violence

Les récentes données issues des zones de santé de Biena, Manguredjipa, Musienene et Masereka révèlent une explosion des cas de malnutrition. Dans la seule zone de santé de Musienene, plus de 6 700 enfants souffrent de malnutrition aiguë globale (MAG), dont 1 287 cas de malnutrition aiguë sévère (MAS) nécessitant une prise en charge urgente. À Masereka, les chiffres sont tout aussi accablants, avec plus de 1 872 enfants en situation de malnutrition.

Les femmes enceintes et allaitantes ne sont pas épargnées : l’absence de soins prénatals et de suivi nutritionnel expose ces femmes et leurs nourrissons à des risques accrus de complications médicales, voire de décès. L’augmentation des prix des denrées alimentaires sur les marchés locaux, due à l’inaccessibilité des champs, aux blocages des voies d’approvisionnement par la guerre et la présence de déplacés dépourvus de tout accentue la pression sur les communautés hôtes, ce qui aggrave encore la situation.

Des besoins urgents, une réponse humanitaire limitée

Devant cette catastrophe humanitaire, Caritas Butembo-Beni (CDBB) a convoqué une réunion d’urgence le 26 février 2025 pour élaborer une réponse nutritionnelle rapide et adaptée aux moyens locaux. La priorité est la prise en charge immédiate des cas les plus graves à travers :

• La mise en place de centres nutritionnels d’urgence dans les zones les plus touchées,
• La distribution de farines enrichies et d’aliments thérapeutiques,
• Le renforcement des capacités des agents de santé communautaires pour détecter et traiter précocement la malnutrition,
• L’appui aux familles d’accueil qui voient affluer des déplacés sans ressources.

Cependant, les capacités locales sont insuffisantes pour faire face à l’ampleur de la crise de malnutrition. L’absence de financements adéquats et les défis sécuritaires entravent l’acheminement de l’aide humanitaire.

Face à cette crise nutritionnelle sans précédent, il est impératif que les acteurs humanitaires, les partenaires internationaux et les autorités locales intensifient leur soutien pour éviter une hécatombe silencieuse. Chaque jour compte pour sauver des vies.

L’Eglise locale, en travers la Caritas Butembo-Beni appelle à une réaction immédiate : financements d’urgence, approvisionnement en produits nutritionnels essentiels et l’accès humanitaire dans certaines zones. La communauté internationale ne peut rester indifférente face à ce drame qui menace des milliers d’enfants et de mères.