Lubero en proie aux offensives rebelles : une crise humanitaire sans précédent
Le territoire de Lubero, situé dans la province du Nord-Kivu, est aujourd’hui au cœur d’une double tragédie. Pris en étau entre l’offensive du M23 au sud et les exactions des ADF au nord, la population civile subit de plein fouet les conséquences de l’escalade des violences armées. Entre déplacements massifs, insécurité alimentaire et violations des droits humains, la situation humanitaire atteint des proportions alarmantes.
L’offensive du M23 et la menace grandissante sur Lubero
Depuis le début de l’année 2025, le M23 a intensifié ses attaques, progressant depuis Goma et Bukavu en direction du territoire de Lubero. Les affrontements avec les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont entraîné la fuite de dizaines de milliers de personnes vers des zones supposées plus sécurisées. Cependant, ces déplacements massifs posent de sérieuses difficultés logistiques et sanitaires.
D’après le rapport de l’OCHA sur les besoins humanitaires et la planification de la réponse en RDC, plus de 100 000 personnes ont été contraintes de quitter leurs foyers dans le territoire de Lubero au cours des derniers mois. Ce flux constant de réfugiés interne accentue la pression sur les communautés d’accueil, déjà fragilisées par l’insuffisance des ressources disponibles.
Les exactions des ADF et l’insécurité grandissante
Dans la partie nord de Lubero, la situation est tout aussi dramatique. Les Forces Démocratiques Alliées (ADF), un groupe armé d’origine ougandaise, ont poursuivi leurs attaques contre les civils. Ces exactions, marquées par des massacres et des enlèvements, plongent la population dans un climat de terreur permanent.
L’extension de l’influence des ADF vers Lubero complique davantage la situation humanitaire. Les infrastructures sanitaires et éducatives sont durement affectées, avec plusieurs centres de santé et écoles contraints de fermer en raison de l’insécurité croissante. De plus, le rapport humanitaire de l’OCHA mentionne que le nombre de cas de violences basées sur le genre a considérablement augmenté, touchant en particulier les femmes et les jeunes filles.
Une catastrophe humanitaire en marche
Les conséquences de cette double offensive sont multiples et affectent tous les aspects de la vie quotidienne. Les personnes déplacées manquent cruellement de nourriture, d’eau potable et d’abris. Les épidémies, notamment le choléra et la rougeole, menacent de se propager à grande échelle dans les camps de fortune surpeuplés.
Le rapport de l’OCHA pour 2025 estime à plus de 7,8 millions le nombre de personnes déplacées en RDC, dont une part importante provient du Nord-Kivu. Lubero, en tant que territoire stratégique, est devenu un point focal de cette crise. Sans une intervention rapide et une augmentation des financements humanitaires, la situation pourrait se dégrader encore davantage.
Un appel urgent à l’action
Face à cette crise humanitaire sans précédent, Caritas Butembo-Beni appelle à une mobilisation accrue des partenaires internationaux. La fermeture de l’aéroport de Goma et la destruction de plusieurs stocks humanitaires compliquent l’acheminement de l’aide aux populations affectées. L’OCHA insiste sur la nécessité de corridors humanitaires sécurisés pour faciliter l’accès aux zones les plus touchées.
Alors que les conflits armés se poursuivent, il est urgent que toutes les parties prenantes respectent le droit international humanitaire et permettent aux organisations d’assistance d’accéder librement aux victimes directes de conflits. Le territoire de Lubero, pris en étau entre deux fronts de guerre, ne peut plus attendre. Une réponse immédiate est indispensable pour sauver des vies et prévenir une catastrophe humanitaire déjà bien engagée.
