Nord-Kivu : la santé sexuelle et reproductive au cœur des priorités humanitaires
En mission dans l’est de la République Démocratique du Congo, Noémi DALMONTE, représentante adjointe du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) en RDC, a fait une visite stratégique à Beni. Sa venue marque la volonté de réadapter les interventions de l’agence onusienne en santé sexuelle et reproductive (SSR), pour son programme quinquennal 2025-2029.
Cette visite s’inscrit dans un contexte d’urgence humanitaire prolongée, où les jeunes, les femmes enceintes et les adolescentes font face à des risques élevés de grossesses non désirées, d’accouchements compliqués et de violences sexuelles, souvent sans accès à des soins appropriés.
Le 28 et 29 mai 2025, Noémi a rencontré les partenaires humanitaires et institutionnels : des partenaires humanitaires présents à Beni et les autorités sanitaires provinciales. Elle a aussi rencontré la ministre provinciale de la Santé, les responsables de l’Hôpital Général de Référence (HGR) Beni et des femmes bénéficiaires des projets de UNFPA.
Cela illustre les impacts positifs de UNFPA mais qui, face à l’ampleur de la crise humanitaire et aux besoins en Santé Sexuelle et Reproductive, restent encore limités.
Cinq piliers de l’action de l’UNFPA en RDC
En RDC, UNFPA concentre ses efforts autour de cinq piliers clés : zéro décès maternel, zéro besoin non satisfait en planification familiale, et zéro VBG ; l’autonomisation des jeunes visant l’accès aux services de santé reproductive et à l’éducation et la création d’emploi ; le genre pour une lutte multisectorielle contre les violences basées sur le genre (VBG) ; l’action humanitaire par l’entremise des ONG locales, réponses rapides aux chocs ; les données et études démographiques.
Le Nord-Kivu concentre les indicateurs les plus préoccupants du pays en matière de mortalité maternelle. La zone de santé de Beni est classée deuxième au niveau provincial, après celle de Karisimbi. Cette situation reflète l’intensité des crises et la fragilité du système de santé.
Lors de sa visite du circuit de maternité à l’HGR Beni, Noémi a été confrontée à des réalités alarmantes. Des équipements insuffisants, vétustes ou absents, des témoignages sur l’absence de certains médicaments spécifiques et de kits d’hygiène menstruelle. Dans ce contexte, chaque accouchement est un risque.
Face à ce défi, UNFPA envisage la mise en place des sage-femmes humanitaires. Ce personnel sera formé aux Dispositifs Minimums d’Urgence (DMU), et devra être capable d’intervenir rapidement dans les zones affectées par les conflits ou isolées par l’insécurité. Même s’il n’est pas encore opérationnel, ce programme suscite donne un espoir auprès des partenaires locaux.
La Caritas Butembo-Beni, avec son réseau de 72 structures sanitaires et de ses gynécologues-obstétriciens expérimentés, pourrait jouer un rôle central dans le déploiement de ce dispositif. Toutefois, il nécessite des équipements et des intrants médicaux afin de surmonter les défis actuels.
Le Groupe de Travail SSR insiste sur la nécessité d’un engagement accru de l’État congolais, afin de garantir une couverture sanitaire efficace en contexte de conflit. La ministre provinciale de la Santé a reconnu la gravité de la situation et l’urgence de mettre en place des solutions adaptées, en synergie avec les partenaires techniques et financiers.
Au Nord-Kivu, chaque jour sans service SSR adéquat coûte des vies. La visite de Noémi exprime la proximité et l’engagement de UNFPA avec les populations en besoins. Elle a donné un nouvel espoir en santé maternelle, infantile et reproductive. Mais pour une réponse efficace, il faut un partenariat entre l’État, les agences des Nations Unies, les ONG locales et les membres de la communauté.
