Santé sexuelle et reproductive : quand un partenariat donne un espoir de sauver des vies de femmes et d’adolescentes
En province du Nord-Kivu, la santé sexuelle et reproductive (SSR) est au cœur d’un plaidoyer déterminé porté par le Groupe de Travail Santé Sexuelle et Reproductive (GTSSR) du Grand Nord-Kivu. Mardi 20 mai 2025, ce plaidoyer s’est concrétisé par une visite officielle au gouvernorat à Beni, visant à saisir l’autorité provinciale sur la gravité de la situation sanitaire actuelle.
À la 19e semaine épidémiologique de 2025, la zone de santé de Beni avait déjà enregistré 11 décès maternels, devenant ainsi la deuxième plus touchée de la province, après Karisimbi qui en comptait 13. Pourtant, chaque chiffre est une vie arrachée, une mère perdue, une famille brisée. Face à cette hécatombe, évitable si les efforts sont réunis, la mobilisation des partenaires devient une urgence.
Une délégation unie pour un même combat
La délégation reçue au gouvernorat était composée des représentants de la Caritas Butembo-Beni, co-lead du GTSSR, de la Division Provinciale de la Santé (DPS) du Nord-Kivu, de la zone de santé de Beni, de l’Hôpital Général de Référence de Beni, ainsi que de la Société Congolaise des Sage-Femmes (SCOSAF). Ensemble, ils ont exposé les défis, partagé les données, et proposé des pistes concrètes d’amélioration.
La ministre de la santé Prisca Luanda Kamala est l’une des voix engagées pour sauver les vies femmes et des jeunes filles. Devant ses hôtes, la Ministre a exprimé une reconnaissance sincère :
« Merci à vous pour le courage de venir devant l’autorité provinciale. Les sage-femmes sont là, on n’en manque pas. Nous avons autant de médecins. Mais nous avons toujours des défis énormes en santé sexuelle et reproductive. » reconnait-elle.
Elle a souligné l’existence de structures sanitaires répondant aux normes, mais qui nécessitent un changement de statut pour rapprocher les services des populations vulnérables.
« Nous devons nous investir dans le monitoring pour connaître les causes de ces décès : est-ce le personnel mal formé ? Est-ce une structure non autorisée ? » s’est-elle interrogée, en appelant à une meilleure analyse des failles du système, afin d’améliorer l’offre des soins de santé.
Déterminée, elle a conclu : « Nous allons étudier toutes les stratégies à mettre en place pour garantir la qualité des soins. La maternité est un secteur qui nous tient à cœur. Une femme ne doit pas mourir en mettant au monde, c’est vraiment très dépassé ! »
UNFPA : Expertise technique et accompagnement durable
Le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), en tant que chef de file du GTSSR, joue un rôle clé dans l’accompagnement du Gouvernement congolais dans l’offre de soins de santé sexuelle : formation, dotation équipements et intrants médicaux, etc. Il appui aussi la collecte hebdomadaire des données liées aux décès maternels, aux violences sexuelles, aux infections au VIH/SIDA, et à la prise en charge des femmes enceintes. Ces données permettent de guider efficacement les actions du gouvernement et de ses partenaires.
Caritas Butembo-Beni : une fois en action pour la dignité des femmes
Avec ses 72 structures sanitaires reparties dans le Grand-Nord, la Caritas Butembo-Beni est un acteur toujours présent sur terrain. Aujourd’hui, elle met l’accent sur l’importance de rendre systématique la disponibilité des données SSR dans toutes les zones de santé.
La Caritas Butembo-Beni plaide également pour la relance des programmes d’accompagnement des jeunes et des adolescents, parfois oubliés, mais essentiels pour briser les cycles de vulnérabilité. Car une jeunesse formée et informée, c’est une génération protégée.
La DPS Nord-Kivu : une administration sanitaire en mouvement
La Division Provinciale de la Santé du Nord-Kivu travaille en étroite synergie avec les autres partenaires. Elle accompagne techniquement l’utilisation d’un outil standardisé de collecte de données SSR. Ce travail conjoint avec l’UNFPA, Caritas, SCOSAF et les hôpitaux vise à apporter des réponses précises et rapides aux besoins sanitaires des communautés.
Un plaidoyer pour la survie
Cette visite au gouvernorat est bien plus qu’un acte symbolique. C’est un engagement collectif et une déclaration collective que les décès évitables ne seront plus tolérés. C’est un appel à renforcer les partenariats pour mieux orienter les ressources, valoriser les personnels de santé, et à rapprocher les soins de celles qui en ont le plus besoin dans la communauté.
Les adolescentes, des femmes enceintes, des sage-femmes et des soignants, ont une seule attente : ne jamais mourir en voulant donner une vie. La Ministre Prisca, le GTSSR, l’UNFPA, la Caritas Butembo-Beni, la DPS et toutes les institutions mobilisées se sont engagés pour une offre des soins de santé de qualité, car les femmes, les jeunes filles et les adolescentes du Nord-Kivu méritent mieux.