Manguredjipa : Caritas Butembo-Beni apporte une première assistance nutritionnelle d’urgence aux enfants frappés par la MAS
Dans un contexte de crise nutritionnelle aiguë sévère en zone de santé de Manguredjipa, Caritas Butembo-Beni a procédé, ce 1er avril 2025, à une intervention d’urgence en faveur des enfants de moins de cinq ans ainsi que des femmes enceintes et allaitantes. Cette action humanitaire marque la toute première aide d’urgence apportée depuis le début de la crise sécuritaire qui secoue la région depuis juin 2024.
160 kits nutritionnels ont été distribués, comprenant chacun 4 kilogrammes de bouillie enrichie (MASOSO), 1 kilogramme de sucre et un traitement antiparasitaire, dans le but de traiter les cas de malnutrition aiguë sévère et prévenir les parasitoses intestinales.
« Caritas Butembo-Beni apporte cette assistance aux enfants car cela s’inscrit dans la mission de l’Eglise de sauver des vies humaines partout où elle est ménacée », explique Monsieur l’Abbé Aurelien KAINGILO, Administrateur Général de la Caritas Butembo-Beni.

Une crise silencieuse dans une zone pourtant accessible
Manguredjipa reste une zone accessible d’un point de vue humanitaire et logistique. Elle est actuellement sous contrôle des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), appuyées par des jeunes volontaires patriotes dits Wazalendo ainsi que des forces ougandaises (UPDF). Bien que la sécurité physique soit globalement assurée, la peur et l’instabilité psychologique demeurent dans les esprits des populations affectées, fortement traumatisées par les récentes violences menées par les rebelles ADF.
Malgré cette accessibilité, aucune assistance humanitaire n’avait encore été acheminée dans cette zone depuis le début des attaques des ADF en juin 2024. Cette première action de Caritas Butembo-Beni arrive ainsi comme une réponse salvatrice pour des centaines de familles en détresse, y compris les peuples pygmées.

Facteurs aggravants : insécurité, abandon de l’agriculture et pauvreté
La zone de Manguredjipa, connue pour sa richesse en or, est aujourd’hui victime d’un effondrement de l’agriculture locale. La ruée vers l’exploitation artisanale des minerais a détourné hommes, femmes et jeunes des champs, malgré la fertilité des sols. Ce phénomène a entraîné une flambée des prix des denrées alimentaires sur le marché, alors que la majorité des habitants n’a pas les moyens d’y accéder.
Les peuples pygmées, déjà en situation de grande vulnérabilité, sont les plus affectés. Non impliqués dans l’agriculture ni dans les activités minières, ils dépendent entièrement de la générosité de la nature. Pourtant, avec la guerre, ils ont été contraints de quitter la brousse pour se mettre à l’abris des violences. Ainsi, dans leur rang, avec les difficultés de s’adapter sans aucun d’y parvenir, la quasi-totalité des enfants, des femmes enceintes et allaitantes présente des signes de malnutrition sévère.

« Nous sommes dans un village presque désert. Les populations autochtones ont fui les violences, leurs maisons sont aujourd’hui occupées par les pygmées. Cette population connaît un taux alarmant de malnutrition aiguë sévère chez les enfants. La Caritas est la première organisation à venir en aide », témoigne le Dr Martial KAMBUMBU, Médecin Chef de Zone de Manguredjipa.
Appel à une réponse humanitaire intégrée et durable
Face à l’ampleur de la situation, il est crucial de multiplier les efforts humanitaires pour répondre aux besoins immédiats. C’est notamment les vivres, les intrants nutritionnels, soins de santé de base, mais aussi assistance psychologique.
Dans le même temps, il est impératif de dépasser la logique d’urgence. La résilience à long terme des communautés de Manguredjipa passe par le soutien au relèvement agricole : relance des cultures vivrières, appui en semences et outils, formations, structuration des producteurs locaux, et sécurisation de leurs activités.
« Nous lançons un appel pressant aux ONG partenaires, bailleurs de fonds et personnes de bonne volonté. Il ne suffit pas de nourrir aujourd’hui : il faut semer l’espoir d’un avenir meilleur en accompagnant ces communautés vers l’autonomie », lance SABUNI Charles, Responsable du Suivi-Evaluation, Redevabilité et Apprentissage (MEAL) de la Caritas Butembo-Beni.
Une mobilisation attendue
L’intervention de Caritas Butembo-Beni n’est qu’un début. Les besoins restent immenses, et la communauté humanitaire est appelée à intensifier son engagement pour éviter une crise nutritionnelle de grande ampleur, dans une zone qui a longtemps été oubliée.



