Quel lien entre l’élevage de porc et la pisciculture ?

La pisciculture en province du Nord-Kivu, c’est une pratique nouvelle. Sa pratique croit plus rapidement pour essayer de répondre à la carence des poissons dans les eaux lacustres naturelles qui produisent. Avec la demande du poisson sur le marché, une erreur serait de ne pas investir dans la seule alternative qui peut suppléer les lacs naturels : la pisciculture.

Caritas Butembo-Beni s’est engagée à accompagner les pisciculteurs en territoire de Lubero pour surmonter les difficultés de la carence de poisson auxquelles font face les pêcheurs sur le lac Edouard. C’est afin d’amener les pisciculteurs à pouvoir pratiquer la pisciculture dans les bonne condition afin que les résultants soient capables de répondre à la demande du marché. Aussi, c’est pour faire de la pisciculture une activité rentable. Pour gagner ce pari, la Caritas doit surmonter plusieurs défis.

Un des défis, c’est trouver la nourriture adaptée pour favoriser le développement rapide des poissons dans les étangs piscicoles. Sur le marché, 50 kilogrammes coutent 52 dollars américains, donc 2,08 USD/kg. Avec des paysans pisciculteurs qui ont moins de moyens, il est parfois difficile que les poissons aient accès à un aliment adapté pour leur croissance.

Dans cette difficulté des pisciculteurs pour se procurer les aliments convenables pour leurs poissons, au niveau local, les éleveurs de poissons ont trouvé une initiative : l’élevage des porcs à côté des étangs piscicoles. C’est une pratique en cours d’expérimentation, mais elle est prometteuse pour l’alimentation de poissons, même si son efficacité ne peut remplacer celle des concentrés. Elle consiste à installer des cages de porc au-dessus de l’étang piscicole. A leur tour, les poissons mangent les résidus de l’aliment du porc qui tombent sous l’eau.

Dans un premier temps, Caritas Butembo-Beni apporte son appui aux pisciculteurs pour encourager et pérenniser cet élevage en territoire de Lubero. Ce service social de l’Église octroie des porcelets à crédit aux éleveurs de poissons afin de les encourager à installer de cage de porc au-dessus de leurs étangs piscicoles.

L’expérience du pisciculteur Faustin

Le pisciculteur Faustin est accompagné par la Caritas Butembo-Beni et a bénéficié d’un porcelet pour soutenir la pisciculture. Juillet 2023. ©Caritas Butembo Beni/Elie MBULEGHETI

Faustin Katavali est dans le secteur de pisciculture depuis 8 ans à Musienene, une aglomération dans laquelle Caritas accompagne plus de 75 pisciculteurs. Faustin a deux étangs piscicoles qui ont chacun deux cages de porcs à leur bord. Depuis 5 ans, il est accompagné par la Caritas Butembo Beni et il vient de bénéficier d’un porcelet à crédit.

« L’élevage de porc est important au-dessus d’un étang piscicole parce que les résidus de la nourriture du porc constituent un aliment pour les poissons. Deuxièmement, l’élevage du porc exige régulièrement la présence du pisciculteur à son étang piscicole. En faisant le suivi du porc, il fait le suivi de l’étang piscicole » témoigne-t-il.

La matière fécale du porc tombée à la surface de l’eau se décompose et des insectes comme les asticots s’y développent. Ces derniers constituent une nourriture pour les poissons. C’est depuis plus de 4 ans que Faustin fait l’élevage du porc à côté des étangs.

La cage au dessus de l’étang piscicole de Faustin on peut voir ces résidus de la nourriture de porc tombés à l’eau. C’est aussi un environnement dans lequel des asticots se développent. Juillet 2023. ©Caritas Butembo-Beni/Elie MBULEGHETI

« A l’absence du porc à l’étang piscicole, le pisciculteur devrait supporter l’achat des concentrer pour les poissons. Surtout, les débutants en pisciculture n’ont pas assez de moyens pour se le payer. Un kilogramme de ces concentrés coûte 2 dollars américains » dit le pisciculteur Faustin.

Comme Faustin, 20 autres pisciculteurs ont bénéficié de porcelet à crédit rotatif dans l’objectif de les élever au-dessus de leurs étangs piscicoles. C’est dans l’objectif de palier à leur difficulté de nourrir les poissons et leur bonne croissance. Jusqu’à présent, à plus de l’élevage de porc que Caritas Butembo-Beni vulgarise pour une bonne production des poissons, ce service social du diocèse de Butembo-Beni étudie la possibilité d’octroyer les concentrés de poissons à tous les pisciculteurs membres de la Coopérative des Pisciculteurs de Lubero, une structure des éleveurs de poissons.

Une pratique qui rejoint les objectifs du projet

La pratique d’élevage du porc à côté des étangs piscicoles rejoint deux objectifs du projet « Programme d’amélioration de la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté des ménages ruraux dans les territoires de Lubero, Kasongo, Kasangulu et Kongolo en République Démocratique du Congo ». C’est notamment l’aspect d’améliorer la sécurité alimentaire dans les ménages ruraux et la rentabilité de la viande de porc.

Ces activités sont réalisées dans le cadre du programme alimentaire de la Caritas Butembo-Beni, sous financement de l’Agence Norvégienne de Développement (NORAD), par le truchement de la Caritas Norvège et la Caritas Congo. A 2023, ce programme vient d’être prolongé de 5 ans pour accompagner plus de 2500 ménages ruraux en agriculture, pisciculture, éducation nutritionnelle, éducation, protection de l’environnement, l’épargne et le crédit, etc. Il vise à améliorer la sécurité alimentaire dans les ménages ruraux et accroitre leurs revenus dans les localités de Musienene, Lukanga, Lughutu, Masereka et Muhangi.

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